Je suis récemment revenue d’un merveilleux voyage de deux semaines et demie dans le centre de l’Andalousie. Des centaines de photos sur la carte mémoire, plein de souvenirs se bousculant dans ma tête… Pour essayer de mettre un peu d’ordre là-dedans je me suis efforcée à définir 12 coups de cœur autour des villes de Séville, Ronda, Grenade et Cordoue, des instants et des images pour tout juste effleurer les innombrables trésors dont regorge cette région. ¡Vamos!
1 – Se perdre dans les ruelles et les patios
Avant même de parler de tous ces monuments extraordinaires qui font partie d’un voyage en Andalousie, je voudrais évoquer ce plaisir tout simple : parcourir à pied les villes, se perdre dans les ruelles, à la découverte des maisons, des petites places… Qu’est-ce que j’ai pu marcher ! Pas toujours facile, c’est souvent assez escarpé et, comme dans le quartier de l’Albacin à Grenade, beaucoup de ruelles sont pavées de galets irréguliers. Mais je ne m’en suis jamais lassée.
Septembre et octobre font encore partie de la haute saison touristique en Andalousie, donc les rues des centres historiques ressemblaient parfois à cela :

Les maisons andalouses traditionnelles sont tournées vers l’intérieur, autour d’un patio qui est une oasis de fraîcheur, avec une petite fontaine, beaucoup de plantes, souvent des azulejos et autres décorations. A Cordoue, l’art du patio est particulièrement cultivé, il se transmet d’ailleurs de génération en génération. Consécration suprême : décrocher un prix lors du concours annuel du plus beau patio ! Là aussi c’est un vrai plaisir de dénicher ces lieux parfois secrets mais qui ouvrent aussi leurs portes puisque de nombreux patios se visitent, certains librement, d’autres en compagnie des propriétaires.
2 – Prendre de la hauteur sur la Giralda
La Giralda, le très haut (97 m) clocher de la cathédrale de Séville, nous plonge dans l’histoire de l’ancien Al Andalus. Pendant la période musulmane cette tour carrée, alors un des plus hauts bâtiments du monde, fut le minaret de la grande mosquée (fin 12e siècle). Ce n’est pas par hasard qu’elle a un air de famille avec la fameuse Koutoubia à Marrakech ! Un clocher baroque lui a été ajouté plus tard. Il faut absolument monter tout là-haut – pas d’inquiétude, ce n’est pas un escalier mais une rampe pas très raide – et se remplir les yeux du paysage urbain de Séville qui s’étend à nos pieds dans un somptueux panorama.

3 – S’immerger dans une nature sauvage et (très) ordonnée
Je ne savais pas vraiment à quoi ressemblerait la campagne andalouse que j’allais découvrir. Lors de nos déplacements entre les villes, j’ai trouvé un paysage vallonné parfois aride, la plupart du temps cultivé avec des oliviers en rangs ordonnés sur des kilomètres à la ronde. Je ne sais pas combien de millions d’oliviers j’ai pu voir pendant ces deux semaines !

Mais l’Andalousie, c’est aussi une nature sauvage, avec des zones montagneuses (dont plus au sud la Sierra Nevada avec les plus hauts sommets d’Espagne qui dépassent les 3 000 m), et des gorges spectaculaires. A faire absolument : le Caminito del Rey, l’ancien « chemin le plus dangereux du monde » qui a été entièrement réaménagé il y a une dizaine d’années. Il vous emmène au cœur des gorges du Desfilerado de Los Gaitanes. A flanc de montagne, les émotions fortes sont au rendez-vous, même si le chemin et ses passerelles impressionnantes sont parfaitement sécurisés.




Autre moment nature : une randonnée dans la réserve naturelle de Los Cahorros de Monachil, un paysage grandiose à quelques kilomètres seulement de Grenade.


4 – Faire l’inventaire des céramiques à Triana, quartier sévillan
Les industries artisanales de la céramique et la poterie sont très présentes à Séville, et c’est le quartier de Triana, situé face au centre ville sur l’autre rive du Guadalquivir, qui est le berceau de la céramique.

Ici tout peut être fait en azulejos (céramique peinte) : des plaques commémoratives sur les maisons, célébrant un torero ou un danseur de flamenco nés dans ce quartier populaire, d’innombrables compositions religieuses, des panneaux publicitaires pour bars, restaurants ou… cabinets dentaires !
A quelques centaines de mètres de ce quartier très agréable et animé, vous pouvez découvrir une véritable débauche de céramiques. Je veux parler de la monumentale Plaza de España (50 000 m², tout de même !), créée lors de l’Exposition Ibéro-Américaine de 1929, et de ses bancs surdimensionnés en céramique où des peintures (très kitsch) racontent la reconquista des villes et provinces espagnoles.

5 – Goûter aux tapas (entre autres)
J’ai découvert que les tapas sont loin d’être juste de petits amuse-gueule pour l’apéritif. Déjà on les trouve à toute heure du jour et de la nuit, ou presque, et le choix est tel que l’on peut facilement en faire un repas. D’autant plus que la plupart sont disponibles en portions plus ou moins grandes. Alors depuis le mini-sandwich au plat chaud sophistiqué, la gamme est très large et appétissante. Et à Grenade on vous offre même des tapas avec votre boisson. La vie est belle !
En Andalousie on semble vouer un véritable culte au jambon ibérique, provenant de porcs noirs. On le trouve partout, et il faut admettre qu’il fond dans la bouche…




6 – Sentir l’histoire dans la mosquée-cathédrale de Cordoue
Dès l’entrée c’est le choc : une forêt de colonnes (il y en a plus de 800 !) et d’arcades… L’espace est immense. La Mezquita était tout simplement une des plus vastes mosquées du monde, et est considérée aujourd’hui encore – alors que la mosquée est devenue cathédrale depuis plusieurs siècles- comme le monument islamique le plus important d’Occident.



Petit à petit l’histoire se dévoile. Visiblement les religions et les cultures qui se sont succédé ici n’ont pas cherché à démolir à tout prix ce que l’autre a laissé. Ici les arcades arabes se prolongent avec un décor gothique…

… au centre, c’est toute une église catholique qui a été construite, entre le 16e et le 18e siècle…

… et là, on est devant le mihrab de l’ancienne mosquée, une pure merveille réalisée par des artistes byzantins au 10e siècle.



La grande cour des Orangers, autrefois lieu des ablutions rituelles (comme à Séville, d’ailleurs), le minaret devenu clocher, et même les façades du pourtour de la Mezquita avec leurs magnifiques arches ciselées portent encore l’empreinte de l’époque musulmane.


7 – Vibrer avec le flamenco
La première rencontre avec le flamenco pendant ce voyage s’est fait à Séville, sur la Plaza de España, où un groupe s’est produit de façon informelle dans l’après-midi. J’étais fascinée !


Dans les villes, vous avez partout des affiches pour des bars ou restaurants à flamenco… mais comment savoir lesquels sont bons ? Finalement nous avons décidé d’aller voir (et entendre) du flamenco à la source, dans une cueva, petite « cave » troglodytique à Sacromonte, le quartier gitan de Grenade. Et nous ne l’avons pas regretté, le spectacle était excellent, tant de la part des musiciens et de la chanteuse que de la jeune danseuse, d’une grande intensité. Pour moi c’était de l’émotion pure. Un moment très fort !


8 – Oublier le temps dans l’Alcazar de Séville
La visite de l’Alcazar de Séville a été un des grands moments de mon voyage en Andalousie. Ce palais fortifié constitue un invraisemblable ensemble de bâtiments, patios, jardins, qui paraît très compact vu d’en haut, depuis la Giralda, mais qui semble s’étendre presque à l’infini une fois la muraille d’enceinte franchie.

Construit à partir du 9e siècle, il a été par la suite agrandi et modifié de nombreuses fois au fil ds siècles. Les époques et les styles se côtoient, et c’est le raffinement de l’époque musulmane qui m’a éblouie le plus. Et que dire des jardins, entre bassins et pavillons, fontaines et palmiers hautains… un monde à part !
9 – Se pencher sur le pont de Ronda
De Ronda, nid d’aigle perché à 740 m d’altitude, je ne connaissais que la photo emblématique : un pont, El Puente Nuevo, enjambant une faille rocheuse. J’ai toujours voulu voir cela de plus près !

Je n’étais pas déçue. Le fameux pont à trois arches tout en hauteur qui date du 18e siècle, est spectaculaire à souhait, tout comme El Tajo, l’entaille vertigineuse qui coupe la ville en deux. Les panoramas sont exceptionnels, à découvrir depuis le pont, en contre-bas du pont et depuis une jolie promenade aménagée au plus près du bord de la falaise.
La vieille ville, de l’autre côté du pont, m’a surprise et séduite. Ruelles escarpées, maisons blanches, palais anciens, bains arabes, restes de remparts, vieux ponts… beaucoup de charme et de sérénité.
10 – Dénicher les plus beaux villages blancs
Setenil de Las Bodegas n’est peut-être pas le plus beau mais certainement le plus insolite des fameux pueblos blancos, les « villages blancs » d’Andalousie. On dirait qu’un météorite allait s’écraser sur le village mais qu’il a été – de justesse – retenu par les maisons !

En fait c’est un village en grande partie construit contre et dans la falaise, et certaines rues déroulent leur ruban de maisons, cervecerias et petits magasins sous une dalle imposante.


Je me suis aussi arrêtée à Arcos de la Frontera…


… à Grazalema, près de Ronda, situé à une altitude de 812 m dans le parc naturel de la Sierra de Grazalema…

… et à Olvera, mon préféré parmi les quatre villages blancs visités lors de ce voyage.



11- Chercher l’ombre et la fraîcheur
J’ai sillonné l’Andalousie de fin septembre à mi-octobre, et quasiment tous les jours les températures montaient à 25, 30 voire 32°. Alors je n’ose pas imaginer ce que cela doit être en été ! Les innombrables fontaines, privées dans les patios et jardins, publiques sur les places des villes, les bassins dans les palais, les voiles tendues sur certaines rues commerçantes, les arcades, les fenêtres protégées contre les rayons du soleil, tout montre que la recherche d’ombre et de fraîcheur a de tout temps été une préoccupation de premier ordre dans la vie quotidienne de cette région du sud.
12 – Visiter l’Alhambra… bien sûr !
Mais non, je n’ai pas oublié l’Alhambra ! Pendant les quelques jours passés à Grenade, ce palais unique au monde faisait partie de mon décor quotidien, d’autant plus que je logeais juste en face, dans le quartier de l’Albacin, où chaque tournant de ruelle apporte une nouvelle perspective sur l’Alhambra.


D’ailleurs chaque soir une véritable foule se retrouve au mirador (belvédère) Saint-Nicolas pour admirer le monument au soleil couchant.



Cet ensemble de bâtiments et de palais, dominant Grenade depuis son promontoire, constitue une véritable cité. On peut facilement y passer plusieurs heures. Une forteresse médiévale (l’Alcazaba) y côtoie une église et le palais de Charles Quint du 16e siècle, d’anciens bains arabes et même un hôtel de luxe ! Mais le joyau de l’Alhambra, c’est le palais des Nasrides. Les salles, patios, cours qui constituent ce palais datent des 13e et 14e siècles et ont été pour certains pas mal remaniés par la suite. Peu m’importe, l’ensemble est magique. Ici le stuc devient dentelle, le bois, le marbre, les dorures, l’eau aussi, composent les plus beaux des tableaux.
Un autre ensemble de palais et jardins, le Generalife, constitue une conclusion parfaite à la visite de l’Alhambra qu’il surplombe, offrant ainsi encore une belle vue.

Les jardins et pièces d’eau du Generalife sont hauts en couleurs et dégagent une impression de fraîcheur, incitant à laisser filer le temps avant de replonger (littéralement… les chemins d’accès sont très raides !) vers la ville.
Et puis… et puis…
Pas facile de ne choisir « que » 12 coups de cœur ! Il y a eu tellement d’autres moments inoubliables…
>>> J’aurais pu vous montrer de superbes vestiges romains, comme le site archéologique d’Italica aux portes de Séville, presque un petit Pompéi…


… ou le pont romain à Cordoue dont les origines remontent au 1er siècle avant notre ère.

>>> J’aurais pu vous parler de toutes ces églises et chapelles dont il faut pousser les portes pour se perdre dans un déluge de dorures, de statues, de peintures qui vous laissera pantois.
Avec une mention spéciale pour la cathédrale de Séville, plus large cathédrale gothique du monde, où vous pouvez admirer le plus grand retable du monde : 220 m², 1 500 personnages sculptés dans du bois de cèdre, le tout couvert de 1 200 kg d’or fin… époustouflant ! Il a été achevé en 1564, après 80 ans de travail.

>>> J’aurais pu vous raconter comment c’est agréable dans ces villes d’être dehors le soir, pour profiter des rues animées avec leurs innombrables bars et restaurants…

… ou juste pour flâner dans la douceur du soir le long du Guadalquivir à Séville. Cela vaut bien un dernier diaporama, non ? La vedette : le pont Isabelle II, qui relie Triana au centre de la ville. Un coup de cœur… évidemment !