A l’occasion du 10 mai, journée des mémoires et de réflexion sur la traite, l’esclavage et leurs abolitions, je vous propose un coup de projecteur sur le monument nazairien à l’abolition de l’esclavage, œuvre de Jean-Claude Mayo, plasticien d’origine réunionnaise. Saint-Nazaire, où il n’y a jamais eu de traite négrière, a été la première ville française a commander un tél monument, en 1989, dans le cadre des commémorations du bicentenaire de la Révolution française et de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Ce n’est pas la seule originalité de ce monument qui se trouve dans l’estuaire de la Loire, semblant sortir des flots. Il s’appuie sur des vestiges de l’ancien débarcadère du bac de Loire qui a fonctionné ici jusqu’en 1975. Les « ducs d’Albe », ces grandes structures construites pour l’accostage du bac, avaient inspiré l’artiste, et c’est autour d’eux qu’il imaginait son projet d’une œuvre monumentale pour célébrer l’abolition de l’esclavage. L’ensemble a été terminé en 1991.

Vaisseau fantomatique
D’immenses bras en bois se dressent au-dessus des flots, à partir justement des ducs d’Albe. Ils évoquent des membrures d’un navire, peut-être le squelette d’un vaisseau négrier… Tout au long du 18e et au début du 19e siècle, Nantes était un des principaux ports français de la traite négrière. Les vaisseaux du tristement célèbre commerce triangulaire gagnaient l’Atlantique par l’estuaire de la Loire, en passant devant Saint-Nazaire, à l’époque une bourgade encore dépourvue de structures portuaires.

Personnages
Mais il faut bien scruter le monument pour qu’il dévoile toute sa symbolique et son humanité. Vous trouverez trois personnages en bronze : un esclave enchaîné, un deuxième qui a rompu ses chaînes…


… et enfin, tout en haut, une femme debout, libre, triomphante, résolument tournée vers le large et l’avenir.

L’eau, la marée, la lumière contribuent à parfaire l’œuvre d’art qui n’est jamais tout à fait la même.



Et voici encore quelques aperçus de ce monument qui se trouve au Quai de Kribi, nom d’une ville portuaire au Cameroun avec laquelle Saint-Nazaire entretient des liens d’amitié et de coopération depuis 1987.
Pour en savoir plus sur les luttes contre l’esclavage, hier et aujourd’hui, je vous propose de consulter la chronique des abolitions sur le site du mémorial nantais à l’abolition de l’esclavage. En 2012, la ville de Nantes a créé ce mémorial sous la forme d’un impressionnant parcours commémoratif le long des quais de Loire.
Joli coup de projecteur sur un monument très lourd de sens !
J’aimeJ’aime
Merci !
J’aimeJ’aime