V comme… vitraux

Coup de projecteur aujourd’hui sur du patrimoine religieux de Saint-Nazaire, et plus précisément des vitraux contemporains : je vous propose de pousser les portes des églises Saint-Gohard et Sainte-Anne, deux églises de la reconstruction (années 1950), et de l’église Saint-Nazaire, la grande église néo-gothique près du port qui a presque 130 ans.

Saint-Gohard (1954)

Le bâtiment annonce sa modernité : des façades triangulaires, une toiture en ardoise qui descend très bas, et à l’intérieur un immense volume créé par trois nefs qui se rejoignent sans qu’aucun pilier ne gêne la visibilité.

Et comme dans une cathédrale gothique – même si ici les motifs sont abstraits -, les murs semblent disparaître, remplacés par des vitraux, des panneaux de verre hauts et étroits. Les tons vifs et chauds de ces compositions très dynamiques baignent l’espace dans une belle ambiance lumineuse ; le soleil en rajoute en dessinant des reflets à travers les panneaux de verre.

Ces vitraux ont été dessinés par Camille Fleury (1914 – 1984) et réalisés dans l’atelier Bertrand, à Chalon-sur-Saône dans le style traditionnel : panneaux de verre de couleurs reliés entre eux par des baguettes de plomb.

Sainte-Anne (1957)

J’imagine que certains paroissiens ont dû être surpris en découvrant leur nouvelle église ! Un énorme cube en béton, dont la façade a comme seul ornement un ensemble de 48 petites ouvertures vitrées en forme de croix.

L’intérieur est également très sobre voire dépouillé. Dans cet espace, les verrières modernes prennent tout leur éclat. Colonnes de verre dans chaque renfoncement latéral (on les voit seulement en se retournant), une verrière haute sur le mur de droite, comme une tenture de lumière, et deux alignements horizontaux de vitraux dans des tons bleu-turquoise rehaussés de jaune et de rouge dans la chapelle latérale (photo en haut de la page).

Ici c’est la technique de la dalle de verre qui a été utilisée pour les vitraux : d’épaisses dalles de verre coloré sont prises dans du ciment, formant des mosaïques abstraites dans de très beaux jeux de couleurs.

Je suis sûre que vous connaissez l’artiste qui a dessiné ces vitraux, mais sans doute plus pour ses romans et surtout les innombrables chansons qu’il a écrites : Le tourbillon de la vie, cela vous dit quelque chose ? Oui, il s’agit de Serge Rezvani (né en 1928), autant peintre et graveur qu’écrivain et auteur-compositeur. C’est lui qui a dessiné en 1956 ces magnifiques vitraux, couvrant en tout une surface de 150 m².

Saint-Nazaire (1891)

Cette grande église de style néo-gothique a été construite à la fin du 19e siècle pour remplacer la petite église au bord de l’estuaire, près du Vieux Môle, qui était devenue vétuste. Elle a beaucoup souffert sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale, et il fallait la restaurer et remplacer les vitraux dans les années 1950. Certains ont été dessinés par René-Yves Creston (1898 – 1964, un artiste né à Saint-Nazaire qui est connu pour avoir été co-fondateur du groupement d’artistes bretons, Ar Seiz Breur).

Mais je voudrais surtout vous présenter deux vitraux tout à fait uniques, sur le mur ouest de l’église. Ils ne représentent pas une scène biblique, même si le personnage de Jésus est présent, mais montrent la construction navale de leur époque (1952) : paquebot sur cale de construction, ouvriers, charpentiers de marine, outillage, tout y est ! Et on est bien à Saint-Nazaire puisqu’on aperçoit la grue Gusto, la célèbre « Grand-Mère » du chantier nazairien, qui allait être démolie une quarantaine d’années plus tard…

Ces vitraux ont été réalisées par Madame et Mesdemoiselles De Troeyer, la veuve et les filles de Léopold De Troeyer (1861 – 1930) qui avait fondé à Reims un atelier de vitraux très réputé.


Ce vitrail me donne aussi une excellente transition : il montre bien à quel point la construction navale et les paquebots (en l’occurrence les anciens transatlantiques) sont présents à Saint-Nazaire, physiquement, dans les têtes et jusque dans les églises. Voici deux autres exemples, l’un très visible, l’autre plus discret. Ce dernier, il faut le chercher dans l’église Saint-Nazaire. Regardez bien le maître-autel : sur une des faces on voit l’offrande du paquebot Normandie par deux ouvriers de la navale. L’autel, en granit de Ploumanac’h, a été sculpté en 1956 par Jean Mazuet.

Très visibles en revanche, ces deux grandes mosaïques qui ornent les piliers de l’église Sainte-Anne. Elles représentent des scènes de la construction navale, avec échafaudages, soudeur, plaques de tôle et flèches de grues… La mosaïque a été réalisée en 1957 par l’atelier Barillet selon le dessin de l’affichiste Paul Colin.


Depuis que j’ai publié cet article, j’ai découvert d’autres vitres très intéressants, dans l’église du quartier de L’Immaculée. Cliquez ici pour en savoir plus.


Eglise Saint-Gohard, boulevard de la Renaissance. Elle est labellisée Architecture contemporaine remarquable (auparavant Patrimoine du XXe siècle).
Eglise Sainte-Anne, boulevard Mermoz. Déjà labellisée Architecture contemporaine remarquable, elle a été inscrite aux Monuments Historiques en 2019.
Eglise Saint-Nazaire, avenue du Général de Gaulle, à côté de la place des Quat’z Horloges.
Situer les églises sur un plan de Saint-Nazaire.

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